Du Soleil sur ma peau, dresse le portrait d’une île
méconnue, Le Levant, et de ses habitants, farouchement attachés à leur
petit paradis, situé à deux pas des très touristiques Port-Cros et
Porquerolles.
© Patrick Gh |
A Héliopolis, autrement dit "cité du soleil", créée dans les années 1930 par deux médecins, les frères Durville, on embrasse une cause avec les convictions chevillées au corps - aussi nu soit-il. C'est une façon de vivre, de se nourrir, de respecter l'autre dans sa différence.
"Le naturisme, c'est la volonté de l'homme d'être plus en phase avec la nature, mais par sa propre volonté, par son intelligence, par son implication."
dit Philippe Fourneau
Des archives conservées par un irréductible
Des archives conservées par un irréductible
Au début, il y eut les
pionniers et Philippe Fourneau en est l'un des derniers témoins. Quatre
vingt-onze ans, bon pied, bon oeil, ses marches quotidiennes à travers
les sentiers de l'île, l'ont éloigné des médecins. Il est une sorte de
gardien du temple et conserve chez lui des archives filmées en 16mm,
restituant les premières images de ce projet fantasque, empreint
d'idéalisme et de liberté et, au demeurant, très construit. On y voit
des gens heureux, riant, jouissant de leur corps libre dans l'eau ou
dans une nature inexplorée.
"Les Durville étaient des médecins traditionnels qui ont débarqué un beau jour sur cette île qu'ils ne connaissaient pas et j'entends encore l'un d'eux me dire qu'au début, c'était une presque comme la forêt amazonienne : "On avançait dans les broussailles avec un coupe-coupe, tant la végétation était dense et c'est comme cela que mon frère et moi, avons découvert ce lieu où nous allions poser nos sacs."
C'est comme cela que l'aventure a commencé. C'était donc en 1931".
relate-t-il.
Dès les années 30, Gaston et André Durville ont mêlé idéal naturiste et projet immobilier. Arrivent ensuite les vedettes - Anita Ekberg, Michel Simon - et l'on se souvient de belles années où les fêtes se succédaient sur la petite place du village d'Héliopolis.
Un paradis menacé ?
Isabelle Ros, nous entraîne à sa suite, à la découverte de ce coin de paradis, à nos portes. Il a ses défenseurs qui ne se trompent pas de combat et relèvent le flambeau pour préserver l'esprit des lieux. Nudité - oui - mais ce n'est pas que cela : plutôt un art de vivre, défait des conditionnements de la vie moderne, qui met la discipline du corps au centre de ses préoccupations : bien manger, bien boire, s'entretenir physiquement.
C'est le choix qu'ont fait Paul
et son compagnon, en reprenant un hôtel-restaurant de la petite cité du
soleil. En concrétisant un rêve d'une vie plus en accord avec la
nature, ils contribuent aussi à faire perdurer l'esprit des lieux, celui
d'un naturisme aux antipodes du nudisme libertin qui a cours dans
d'autres stations balnéaires du littoral français.
Un projet de livre à faire
Isabelle Ros débarque sur l'île avec un projet de livre sur les îles d'Or pour un éditeur de guides touristiques.
"Je connaissais parfaitement les très fréquentées Port-Cros et Porquerolles mais leur voisine restait pour moi un mystère absolu."
dit-elle
et la voilà en route pour Le Levant, premier village naturiste
d'Europe. Sur le bateau qui l'emmène sur l'île, son esprit galope tant
qu'il peut : va-t-on la fusiller du regard si elle reste habillée ? Et
puis, si elle se saute la pas, tout le monde verra ses défauts, elle
croisera à coup sûr, un voisin, un ami ou, pire un collègue de travail.
Bref, autant de questions, autant d'images d'Epinal attachées à un lieu
secret où les codes ne sont pas les mêmes qu'ailleurs.
Nous lui avons posé quelques questions car il est probable qu'il y eut un avant et un après à ce tournage.
PZ : Racontez-nous comment vous vous êtes prise au jeu en cheminant dans Héliopolis et comment votre projet de départ (le guide touristique) a dévié vers une recherche plus en profondeur ?
PZ : Racontez-nous comment vous vous êtes prise au jeu en cheminant dans Héliopolis et comment votre projet de départ (le guide touristique) a dévié vers une recherche plus en profondeur ?
IR : J’ai découvert Héliopolis et l’île du Levant en 2009. A l’époque, je devais écrire un guide touristique sur le Var et les îles d’Or faisaient partie de mon programme. Comme tous ceux qui n’ont jamais mis les pieds au Levant, j’avais des tas de clichés en tête, j’avais peur qu’on me demande de me déshabiller sur le champ ! Evidemment, tout s’est très bien passé, j’ai vite vu qu’Héliopolis n’avait rien à voir avec un camp naturiste. Un arrêté municipal règlemente les zones de nudité : pas question par exemple de faire ses courses nu…Je me suis rendue compte qu’aucun documentaire n’avait été consacré jusqu’ici à l’histoire du naturisme à Héliopolis qui a commencé en 1931 et le projet a fait son chemin. J’ai longtemps réfléchi à la façon d’aborder cette île en y mêlant histoire, témoignages et ressenti personnel.
PZ : Quel accueil vous ont réservé les habitants de l'île ?
IR :Je suis allée plusieurs fois à Héliopolis avant le tournage pour rencontrer les Levantins, choisir mes personnages, mieux comprendre l’histoire du lieu. A chaque fois, les habitants et les vacanciers se sont montrés curieux et surtout bienveillants. Je craignais que la présence d’une caméra dans une île naturiste dérange mais tout est une question d’esprit, d’approche. Je n’étais pas là pour faire du sensationnel. Avec Patrick Gherdoussi qui était à l’image, nous avons beaucoup discuté à chaque fois que nous rencontrions quelqu’un sur les chemins. Contrairement au continent, les gens sont détendus au Levant, bien dans leurs baskets, tolérants aussi et cela facilite beaucoup les choses.
PZ : Au fait quel est le prix en euros de ce paradis ? et est-ce encore possible de s'y installer ?
IR : C’est une fausse idée de croire que l’île du Levant est un paradis inaccessible. En pleine saison, les prix sont moins élevés que sur la côte. Il y a de nombreuses possibilités d’hébergements à Héliopolis, du studio équipé à la chambre d’hôtel, à condition de ne pas attendre le dernier moment pour réserver. Les vacances au Levant sont particulièrement salutaires : la mer est magnifique et le calme absolu. Par contre, il faut se contenter de silence, de baignade, de lecture et de balades, sans chercher des animations à longueur de journée. Il y a je crois 240 propriétaires à Héliopolis (c’est un domaine privé, ouvert au public, qui dépend de la ville de Hyères). Il est encore possible d’acheter au Levant, à condition d’être en accord évidemment avec la philosophie naturiste.
IR : C’est une fausse idée de croire que l’île du Levant est un paradis inaccessible. En pleine saison, les prix sont moins élevés que sur la côte. Il y a de nombreuses possibilités d’hébergements à Héliopolis, du studio équipé à la chambre d’hôtel, à condition de ne pas attendre le dernier moment pour réserver. Les vacances au Levant sont particulièrement salutaires : la mer est magnifique et le calme absolu. Par contre, il faut se contenter de silence, de baignade, de lecture et de balades, sans chercher des animations à longueur de journée. Il y a je crois 240 propriétaires à Héliopolis (c’est un domaine privé, ouvert au public, qui dépend de la ville de Hyères). Il est encore possible d’acheter au Levant, à condition d’être en accord évidemment avec la philosophie naturiste.
PZ : Quel
est votre sentiment à l'issue de ce tournage ? Est-ce que vous avez
découvert des choses importantes au regard des choix que l'on fait pour
soi ?
IR : « Du soleil sur ma peau » s’intéresse à l’histoire du naturisme à Héliopolis, au quotidien des Levantins qui ont choisi de vivre au Levant à l’année. C’est également le récit d’un cheminement personnel, le rapport de chacun face à la nudité. Je me suis vite aperçue qu’être nu n’était qu’un aspect parmi tant d’autres du naturisme, au même titre qu’une alimentation saine, de l’exercice ou un intérêt pour l’environnement. Les gens qui pratiquent le naturisme sont en général bien dans leur peau et bien avec les autres. L’apparence passe au second plan et ils sont particulièrement attentifs aux relations humaines. Ici, tout le monde se moque de savoir le métier que vous faites et combien vous gagnez. Ca fait un bien fou !
Par Pernette Zumtho - http://france3-regions.francetvinfo.fr
"Du Soleil sur ma peau", un film d'Isabelle Ros
Diffusion le 24 octobre 2015 à 15h25
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